La petite ceinture, tel le dieu Janus, possède deux visages. Ancien réseau ferré, cet espace était à sa construction fortement anthropisé du fait de sa nature d’équipement mécanique. Par la grâce de l’abandon et du temps, il est devenu son exact inverse, c’est à dire un lieu privilégié d’expression de la vie sauvage.
Depuis, la ville a redécouvert cette « marge interne » et les richesses que l’oubli avait permis de préserver au sein de la cité : sanctuaire de biodiversité végétale et animale, microclimat salvateur en période de canicule, parcours de mobilité douce alternatif …etc. Alors la ville s’est tournée vers la marge et a commencé à retisser des liens d’accès, des porosités, des usages.
Ces retrouvailles portent un paradoxe central : si la richesse de cet espace nous vient de son ancien « ré-ensauvagement », comment préserver ces qualités en l’ouvrant aujourd’hui aux usagers ?
Nous nous proposons ici de penser des modalités d’interventions justes, spécifiques à ce lieu si radicalement « autre » que le jardin public classique. Comment intervenir dans ce « tiers paysage » (selon le terme de G. Clément), cette merveilleuse friche, sans nuire à sa spontanéité ? Comment créer la coopération du naturel et de l’artificiel, la symbiose du construit et du sauvage ?
C’est sur cette problématique qu’on travaillé les étudiants de 1e année Design d’Espace « Habitat et Territoires d’Innovation Sociale ». Ils ont tout d’abord pu découvrir le site grâce à deux visites avec des acteurs déterminants du lieu : Jérôme Saint-Chély, paysagiste dplg à la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement de la Ville de Paris, et Philippe Billot, Jardinier-éducateur en charge du site pour « Espaces », association d’insertion par le travail.
Après cette double immersion et une analyse sensible du site, chaque étudiant à développer un positionnement singulier, donnant lieu à un dispositif spatial de type « micro-architecture ».
La présentation finale des étudiants s’est faite en présence des partenaires.