Bérangère,Tomy et Antonin, photograpiés par F. Boissonnet
  • Sculpteurs sur bois, les réalités d’aujourd’hui.

Si le geste du sculpteur sur bois consiste à tailler la matière pour dégager une forme, il devra aussi comprendre les particularités propres à cette matière vivante : les différentes essences, le sens du fil… Quelles belles métaphores que ces sculptures de Guiseppe Penone, qui retrouve la jeunesse (la genèse) de l’arbre (tronc + branche) à partir d’un bloc équarri de sapin !

De la sculpture africaine aux polychromies du Moyen- Âge, des corps bruts tronçonnés de Georg Bazelitz, aux volutes baroques des lambris des châteaux du 17ème siècle, la sculpture sur bois revêt autant de formes qu’elle connait de cultures.

On peut tout à la fois apprécier la tradition, la rigueur d’un métier, la lente maturation nécessaire à l’acquisition d’un art séculaire et en même temps, lorgner du côté des avant-gardes, des iconoclastes de tous poils, se permettre d’user des matériaux de synthèse, d’expérimenter les nouvelles technologies.

La sculpture ne se résume pas à la taille seule. Le dessin, le modelage, le moulage, le surmoulage, l’assemblage… sont autant de pratiques mises en œuvre.

Pour autant, concilier ces deux approches dans un même métier tient plus de la gageure que d’une évidente communion. L’atelier de sculpture sur bois réussit cette improbable émulsion. Celle-ci se fait par le truchement de deux professeurs qui transmutent des valeurs, définissent une vision, homogénéisent une approche commune à ces deux polarités à priori antinomiques.

Le dénominateur commun se résume en ce terme abscons et quelque peu ampoulé : « l’art du volume. »

Il n’est pas question ici de former des artistes –si tant est qu’il existe une école pour cela– À quand un DMA d’artiste ? Cela est presque tabou dans cette confrérie.

L’atelier de sculpture permet de pratiquer des métiers, correspondant aux réalités  de son temps, en adéquation avec cette formation traditionnelle (restauration, sculpture sur bois, ameublement, conservation du patrimoine, etc…) mais s’ouvre aussi à d’autres emplois requérant des qualités de sculpteur (cinéma, effets spéciaux, théâtre, prothèse médicale, design, événementiel, metteur au point pour sculpteurs de renom, ou artiste libre…).

En ces temps de grandes déliquescences, (je veux parler des pertes de savoir faire, délocalisation, perte des valeurs de respect du travail soigné), l’atelier de sculpture sur bois perpétue une formation noble, loin du modèle que l’on nous vend dans le trop grand nombre d’écoles de commerce.

Armand Lestard

études animalières : modelage, étude myologique et moulage d’une panthère des neige, étude d’une tortue imbriquée

ATELIER SCULPTURE SUR BOIS

  • De la formation à la professionnalisation :

Nos étudiants apprennent les bases du métier de sculpteur puis la démarche de création. Ils se destinent ensuite à différentes orientations, sculpteurs sur bois pour le style, la restauration ou la reconstitution d’époque, mais aussi sculpteurs metteur au point, pour des artistes contemporains ou designers. D’autres se dirigent vers la création, avec ceux qui deviennent artisans-créateurs, designers ou artistes.

Un grand nombre d’entre eux travaille dans les ateliers de décor pour l’événementiel, le théâtre ou le cinéma, les effets spéciaux, le théâtre de rue et tant d’autres domaines spécifiques.

  • De la sculpture sur bois aux nouvelles technologies :

La sculpture est l’art d’enlever la matière, de tailler dans la masse, pour obtenir le volume et les formes souhaitées. Le bois est une matière noble, mais capricieuse, que seul le temps et la technique permettent de bien dompter.

L’enseignement axé sur les méthodes traditionnelles indispensables pour acquérir les bases du métier, s’ouvre aussi aux nouvelles technologies essentielles tant dans le processus de création que dans la mise au point.

  • Les compétences requises pour un sculpteur :

Le sculpteur doit être excellent dessinateur, sensible aux proportions, aux lignes et aux volumes. Une bonne habileté manuelle est indispensable pour l’exécution des projets ainsi qu’un sens aigu de la création.

  • Les fondamentaux pédagogiques :

La réalisation de la sculpture est souvent précédée de travaux préparatoires. Quelque soit le parcours, l‘atelier de sculpture développe les fondamentaux incontournables du métier et les différents savoir-faire :

Croquis, dessin académique, modelage (terre et plastiline), moulage (creux perdus, silicone,…), tirage (plâtre et résines), connaissances et préparation des bois, maîtrise des machines et principalement la taille du bois, à l’aide d’outils à main tranchants, appelés gouges.

Les deux grands registres formels de formation sont l’ornement étudié dans de nombreux styles et la morphologie (étude anatomique animale et humaine).

Les 6 parcours :

Les procédés de création sont enseignés différemment selon les choix de parcours, en lien avec des champs d’applications, en co-animation et en transversalité avec les enseignants d’arts-appliqués et des sections design.

  • Objet / Métiers d’Art & Patrimoine

La sculpture, sanctuaire de certains métiers :

La technique et les différents savoirs faire passent par un apprentissage long, difficile et rigoureux. Les décors des siècles passés sont d’une richesse infinie et alimentent chronologiquement de  nombreux exercices de copies  pour acquérir cette technique indispensable à tout acte de création ou de reconstitution.

L’ornement reste pour cet atelier le solfège de la sculpture sur bois, c’est tout d’abord par l’affûtage de l’œil que la main pourra en un deuxième temps guider l’outil et chercher l’excellence du geste pour la virtuosité recherchée.

Deux grands axes développés sont l’ornement au travers du bas et haut relief et le statuaire (ronde bosse), avec les mêmes soucis de compréhension et de respect du style. Les principaux champs d’activités sont la restauration et la conservation de notre patrimoine artistique sculpté ainsi que la restitution et la réédition de pièces prestigieuses pour la grande décoration et l’industrie du luxe.

L’excellence de ces savoirs faire permet de travailler sur toutes sortes de commandes dans le cœur du métier.

  • Objet / Métiers d’Art,  Matériaux et Innovation

La sculpture et son rapport aux révolutions technique et à la prospective :

Une fois le socle de notre métier acquis, il s’agit davantage d’explorer le champ des possibles dans la matière et la technique au service d’une idée. La découverte de nouveaux matériaux peut répondre à des besoins spécifiques afin d’ouvrir de nouveaux champs d’application.

Ces nouveaux matériaux en plein essor, sont autant de mariage féconds que l’on peut imaginer, en les sollicitant, assemblant, modifiant…

Mais il y a aussi la découverte de nouveaux outils à la pointe de la technologie. Ces outils sont disponibles à l’école ou accessibles dans d’autres structures et peuvent permettre de concevoir autrement et de réaliser différemment.

La dimension expérimentale est ici primordiale. Pour trouver, il faut chercher sans relâche. Parfois jusqu’à l’artefact !

Une autre branche de ce parcours concerne les étudiants intéressés par les effets spéciaux, qui souhaitent développer des techniques de moulage et l’utilisation de matériaux de synthèse.

  • Objet / Métiers d’Art & Ornement

La sculpture et l’ornement, nouvelles pistes ?

Dans cette formation, l’étudiant après avoir appris les fondamentaux,

va explorer de nouvelles réflexions sur l’ornement à partir de son savoir-faire.

Deux grandes orientations dans cette section :

Une première consiste davantage à questionner l’ornement par des process ou des protocoles, à imaginer, expérimenter, pour que celui-ci soit créé par des principes calculés, programmés, combinatoires, ou encore aléatoires. Penser, ré-imaginer, expérimenter pour trouver de nouveaux motifs, de nouveaux éléments décoratifs intégrés au concept même de l’objet.

L’autre démarche plus plasticienne, plus volumique, peut être inspirée de l’immense vocabulaire formel de l’histoire des styles, de la force et de l’influence d’autres cultures, mais aussi, d’autres univers, comme la mode ou les sciences, ou encore en références plus directes empruntées au monde de la nature. Il est ici question de penser la sculpture comme un ornement en tant que tel ou comme de nouvelles expressions graphiques, plastiques, de nouveaux styles…

  • Objet / Métiers d’Art & Espace

La sculpture en lien avec l’intérieur et / ou l’extérieur :

Une fois les fondamentaux acquis, l’étudiant va développer des projets en relation avec la notion d’espace, tant dans l’architecture intérieure que dans l’urbanisme.

L’étudiant se réfère davantage au monde de l’installation, des œuvres in situ, questionnant tant l’univers de l’habitat que l’espace extérieur.

Il développe davantage la conception et l’intégration d’une œuvre liée à un lieu, un espace contraint et défini.

L’étudiant implique le spectateur ou l’utilisateur du projet, il l‘invite à s’engager, par son regard, sa posture, ou encore son usage.

Le travail porte sur des question de cloisonnement, d’orientation, d’ambiance de zones à repenser, de lumière, de rangement…

Œuvres signalétiques, communicantes, assises publiques, abris, dispositifs de quiétude ou d’observation, ou encore installations liées à la nature (proche du Land Art), les projets sont toujours en lien à l’espace…

Les étudiants de ce parcours travailleront en workshops planifiés avec les étudiants «design d’espace et innovation sociale» et suivront les mêmes enseignements transversaux.

  • Objet / Métiers d’Art & Événement

La sculpture et l’évènementiel, le spectacle ou l’art contemporain :

Au sein de ce parcours, nous pouvons dissocier trois axes différents.

L’un oriente les étudiants, vers de l’événementiel : travail spécifique à un lieu, à une date, à un moment fort, (commémoration, naissance d’un lieu, etc. …).

L’autre sert un art en plein développement, le théâtre de rue. Il est ici question de connaître les techniques de travail à grande échelle, pour développer des projets pour ou avec des compagnies.

Le troisième participe davantage à une démarche artistique plus plasticienne, plus engagée, autour d’une cause, d’une prise de position.

Pérenne ou non, le projet s’inscrit dans un moment présent, lancement, inauguration ou performance. Les étudiants de ce parcours travailleront en workshops planifiés avec les étudiants de « design évènementiel et médiation » et suivront les mêmes enseignements transversaux.

  • Objet / Métiers d’Art & Innovation sociale

La sculpture, en prise avec l’ergonomie et l’usage :

En questionnant les usages et l’ergonomie dans une société en perpétuelle évolution, l’étudiant développera des projets d’ordre fonctionnel, ludique, ou didactique, pour tout type de services occasionnels ou quotidiens. Il peut également concentrer ses recherches autour du handicap, incluant des exigences ergonomiques majeures, propres au sculpteur. Quelle que soit sa finalité, c’est bien avec les compétences et les savoir-faire de notre métier qu’il est question de développer la forme et la ou les matières, pour répondre à la fonction de l’objet. Les étudiants de ce parcours travailleront en workshops planifiés avec les étudiants de « design objet et innovation sociale » et suivront les mêmes enseignements transversaux.